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IMPEDIMENTUM #3; DISCONNECT

ADIEU LE NORD, DIRECTION LE SUD. il était temps, et il le fallait. Depuis qu'une partie de l'avion en feu a fini sa course sur les côtes les plus hostiles de l'île, les survivants au nord ont tant bien que mal construit un camp, dans des conditions dépassant chaque jour l'entendement. Et pourquoi donc ne pas migrer au sud ? explorer ces terres sauvages, dans l'espoir d'un endroit meilleur, illusoire, là quelque part. Il y a eu ceux qui étaient pour, et ceux qui étaient contre. Puis, malgré les craintes, une expédition est lancée. Ceux qui le voulaient, ont osé. Ainsi, une partie du camp nord a plié bagages et ils ont traversé la grande jungle. A la conquête des belles plages du sud, et de lendemains fatalement meilleurs. Enfin, ils l'espéraient.

ADIEU MON ÂME, JE PERDS LE NORD. il y a en cette île quelque chose, ça joue inlassablement avec notre esprit. Est-ce réel ? ou notre imagination ? Quand par la pensée, tout s'amine. Quand par le toucher, tout se résout. Au delà de ces aptitudes, qui dépassent l'horizon de toutes possibilités ; les connexions psychiques semblent prendre une telle ampleur, les pulsations de l'île sillonnant en chaque être, nourrissant de son énergie les âmes déchirées qui foulent ces terres. Il y a ceux qui ont su contrôler leur capacité, et ceux qui ont encore tout à apprendre. Peut-on maîtriser l'insaisissable ? dompter l'inexplicable ? Et c'était sans compter la naissance des sensitifs, le pouvoir de prendre contact avec d'autres, d'un bout à l'autre de l'île. Le privilège d'instants en suspens, faire fonctionner un quadrum, comme si l'île vous offrait de précieux alliés. Les choses sont-elles trop belles pour être vraies ? S'il n'y a plus aucune limite aux dons de l'île, qui peut encore rétablir l'ordre ? Les Hémithes sont bien sous terre, dans leur cachette dorée. Mais, ils ne resteraient pas sans agir. Ils sont aux commandes, et pour reprendre leurs droits, ils ont attaqué ; car il était temps, et il le fallait.

ADIEU LE CALME, JE SUIS LA MORT. les Hémithes l'ont appelé l'impeditor, l'obstacle, la barrière ; un produit sensi-bloquant, qui une fois ingéré, empêche le corps de se connecter aux flux mystiques de l'île. Le but premier était de stopper toutes relations entre les sensitifs, de démanteler chacun des potentiels quadrums, pour prévenir de ce danger grandissant. La station Hémithéa a d'abord élaboré un sérum, pour pouvoir l'administrer à l'aide de seringues, déployées au hasard, destinées au maximum de personnes sur l'île, missionnant les gens d'en-bas pour qu'ils sortent et aillent distribuer discrètement des injections. Des doses fortes qui auraient dû passer inaperçues, mais des effets indésirables n'ont pas tardé à se manifester. Certains des infectés ont commencé à délirer, à être malades. Et les rescapés ont cru à une contamination, de l'eau ou d'une plante, une mauvaise épidémie qui s'est propagée dans chaque camp comme un fléau. Il faut dire que, à défaut de pouvoir atteindre tout le monde, les Hémithes ont eu également recours à un gaz sensi-bloquant, répandant leur toxine dans l'air, sous la forme d'une fumée imperceptible, poursuivant leur contamination expérimentale. Est-il ainsi possible de déjouer les plans de l'île ? Les rescapés l'apprennent à leurs dépends, tandis qu'un grand nombre d'entre eux tombent inexplicablement malades. Les corps dépérissent, les esprits s'embrouillent et l'incompréhension paralyse. Même chez les Natifs, de leurs âmes invincibles, préférant se tenir à l'écart du fléau, ils voient pourtant leurs dieux se retourner contre eux. Tous dans la tribu ne sont pas immunisés contre le désastreux sérum, et leur santé faiblit. Puis c'est surtout les dons qui s'ébranlent, qui disparaissent ou se déchaînent. Le chaos fait rage, l'ordre de la nature a été perturbé. Et quand chacun perd ses repères, entre s'unir ou se déchirer, il n'y a qu'un pas à faire.